jeudi 13 août 2009

l'année Darwin


150ème anniversaire de la publication de L'origine des espèces, en 1859. Et curieusement, je trouve dans la bibliothèque d'Ibrahim - dont j'ai déjà abondamment peint le portrait ! - un ouvrage en français, et il n'en a pas tant, intitulé "L'homme d'où vient-il ? Les réponses de la science et des écritures saintes"(Dr Michel Bucaille, éd. Seghers 1981). Un livre ancien, certes - et Dieu, s'il existe, sait combien ses créatures ont fait de découvertes en génétique et autre biochimie, depuis lors - mais plein de réflexions intéressantes et, même si (ou du fait que ?) son objectif avoué est de réconcilier les croyants, du christianisme et de l'islam, avec les avancées scientifiques en leur permettant de croire "encore", il n'est pas, à mon sens, rétrograde.

Le Coran
Pour ce qui est du Coran, que l'auteur a étudié en arabe, appris pour l'occasion, dans le texte, il ne tarit pas d'éloges sur le caractère prémonitoire d'images qui seront confirmées par la science ensuite, notamment pour ce qui concerne l'origine liquide de la vie (à la fois la vie sur terre et la reproduction humaine). Il faut reconnaître que les versets cités, et sans que je sois à même détecter d'éventuels usages abusifs, ne prêtent guère le flanc à des attaques frontales au vu des connaissances scientifiques.

La Bible
Pour la Bible, il établit immédiatement que les récits de la genèse ne correspondent eux à aucune réalité (la terre est créee avant le soleil, et le jour aussi... Ce genre de détails a fait le malheur d'une génération d'astronomes !). Un rappel historique de la constitution de la Bible, de ses multiples auteurs et des négociations qui ont dû avoir lieu entre les pères de l'Eglise, avec l'objectif de faire adopter telle ou telle pratique en lui donnant une justification supérieure. Tout cela rend la Bible - à la différence du Coran qui est directement dicté par Allah à Mahomet, puis récité mot pour mot à ses disciples pour être retranscrit tel quel, et constitue donc une parole divine à accepter en l'état dans son intégralité -, tout cela rend donc la Bible sujette à caution et à manier avec précaution. Le concile Vatican 2 a, d'après l'auteur, entériné le caractère dépassé de certains contenus de l'ancien testament et, sachant que le nouveau s'est parfois appuyé sur l'ancien...
Bref, tout autre que l'auteur (enfin, moi !) aurait conclu qu'on ne peut pas faire confiance à la Bible. Lui, classe les récits de la genèse dans les contenus visiblement écrits par des hommes biaisés par certaines intentions, et dépassés. Ce sont ces intentions, leur message, qu'il faut identifier, et oublier le contenu réel de la genèse. Moyennant quoi, il considère le reste de l'édifice biblique sauvé. Au bout de combien de branches coupées l'arbre meurt-il ?!

La science
Pour ce qui concerne la théorie de l'évolution et de la sélection naturelle, l'auteur émet des doutes sur un certain nombre de conclusions qui ont pu être tirées un peu hâtivement à l'heure où la bataille faisait rage entre des cléricaux campés sur leurs positions plus que millénaires et des scientifiques tendus à leur faire lâcher prise. L'homme, même proche du singe, pourrait néanmoins avoir fait l'objet d'une création spécifique, car on n'a pas véritablement le film du passage de l'homme au singe. Et même s'il descendait du singe, la transition à l'homme pourrait constituer en soi une création. L'auteur promeut l'idée d'une évolution créatrice, dont Dieu serait le moteur. La création ne serait plus l'oeuvre d'un début unique, de toute façon allégorique dans la genèse, mais se serait faite en continu. Une solution qui entérine bien l'enterrement du créationisme cher à la génération de nos grands-parents, mais que je trouve élégante pour laisser à Dieu une place. Qu'en pense l'Eglise ?

L'auteur relève beaucoup de questions non forcément résolues qui tournent autour de l'évolution et de la sélection naturelle. Et, à bien réfléchir, comme souvent en sciences, chaque question résolue ouvre la porte à 10 autres. Alors, si on veut bien se mettre d'accord sur la définition de Dieu comme étant ce qu'on ne comprend pas, il reste toujours assez de place pour Dieu. (là où ça se corse, c'est quand il faut commencer à caractériser ce Dieu, ce qu'il attend de nous, et en quoi ça nous ferait du bien de répéter qu'il est grand et fort, alors que lui le sait bien sans qu'on n'ait à lui en rebattre les oreilles constamment !)

Comme les chemins des voyageurs ne sont pas moins mystérieusement guidés que ceux des rois mages par l'étoile du berger, le Science & Vie no 1101 de juin 2009, semblait comme m'avoir attiré vers "le village" (non, pas "la grotte" !), un "backpackers" (auberge de jeunesse) de Kuala Lumpur. "Ce que Darwin ne savait pas. La théorie de l'évolution aujourd'hui". Finalement, cette enquête se révèle un panégyrique du savant britannique, dont la théorie sort confirmée et renforcée par les découvertes les plus récentes, même si la sélection naturelle prend des modalités qui n'avaient pas forcément étaient vues à l'époque ou si les modifications génétiques prennent des chemins transversaux qui ne sont pas ceux de l'hérédité pure. Tant mieux (autant ne pas perdre son temps sur des théories fausses). Mais c'est aussi miraculeux, et un peu inquiétant, qu'on n'ait pas trouvé mieux que le hasard pour expliquer l'évolution après 150 ans de recherches.

On aurait aimé aussi que les grandes questions qui demeurent soient rappelées, que les phénomènes troublants de survivance de formes de vie archaiques, ou, au contraire, d'évolution coordonnée vers des formes complexes, soient mis en lumière.

Quelques questions qui ne semblent pas totalement élucidées
1- Si la sélection naturelle joue entre des espèces ou des individus présentant les plus infimes différences, pourquoi pas entre des espèces totalement différentes qui cohabitent en quantités innombrables. La diversité biologique devrait se restreindre par sélection naturelle, ne laissant sur chaque environnement que quelques espèces dominatrices et peu concurrentes.

2- Si on admet que la création d'une structure complexe comme l'oeil, ou un changement radical comme le passage de l'eau à l'air, s'accommode mal de variations infimes s'étalant sur des périodes très longues, et résulte donc d'une mutation rapide "en bloc", ce que la découverte des cellules souches semble permettre, on voit toutefois mal comment des mutations laissées au hasard parviennent à ce résultat.

3- La transmission d'une mutation à la descendance me semble peiner à expliquer qu'une population (animale) entière, parfois très dispersée, mute. Certes, si cette mutation était rapide, "en bloc", on pourrait imaginer que la population mutée soit la descendante de l'individu unique muté, le reste de l'espèce s'éteignant. Mais, si c'est d'une longue série de mutations infimes qu'il s'agit, on imagine mal que l'espèce soit refondée à chaque génération par le dépérissement des individus non mutés au profit des descendants des descendants des mutés. La transmission "horizontale", non pas à la descendance mais aux congénaires, par exemple par des virus, semble bien nécessaire, et reconnue. Mais est-elle suffisante ?

4- Ne devrait-on pas observer des espèces en cours de mutation, des espèces en cours de dépérissement, et tout un continuum de variété plus ou moins favorable, emmenant la nature dans toutes les directions avant de supprimer celles qui sont les moins viables ? La paléontologie ne fournit pas plus que la zoologie, me semble-t-il, de formes intermédiaires, mais seulement des espèces abouties.

5- Ceci devrait, en particulier, s'appliquer à l'homme dont il devrait exister une variété assez hétéroclite. Au lieu de cela, et en dehors de différences d'aspect superficielles, il ne fait pas de doute qu'il s'agit d'une seule espèce homogène, possédant, à ce que je sache, un génome unique et universel. Doit-on en conclure, comme M. Bucaille, que l'évolution de l'homme est terminée, ce qui, au vu de l'augmentation rapide de sa taille ou de son espérance de vie (au moins dans les pays développés), ou de la complexité croissante de ses réalisations terrestres qui pourrait influer encore sur la taille son cerveau, ne paraît pas aller de soi.

Bref, certaines des intéressantes objections du Dr Bucaille ne trouvent pas vraiment réponse dans cet état des lieux de Science & Vie. Alors, ami lecteur, toi qui est plus savant que moi de ce sujet, peux-tu m'indiquer une petite bibliographie qui me déniaiserait utilement et m'éviterait de me ridiculiser publiquement à la face du monde avec mes prétentions scientifico-philosophiques ?

sept quatre cinq deux comptoir deux


La Malaisie est incontestablement un pays moderne et bien organisé. Et comme dans tout pays civilisé qui se respecte, on ne laisse pas les gens poireauter dans les files d'attente. L'hôpital général de Kuala Lumpur est, à ce titre, exemplaire.

A l'accueil des consultants extérieurs, on reçoit une fiche à compléter et un numéro. Puis on fait la queue à un comptoir voisin où on reçoit le numéro de la salle de consultation en déposant son dossier complété et réglant sa consultation. On va s'installer dans la grande salle d'attente commune des salles de consultation. Au mur, un panneau lumineux affiche les derniers numéros appelés, avec le numéro de la salle de consultation. Une clochette signale tout nouveau numéro appelé et il clignote quelques secondes.

Après avoir été appelé, avoir consulté, et constaté le besoin d'une analyse de sang, le patient est envoyé vers une autre salle donnant sur le même hall. Là, on retire un petit carton avec un numéro d'ordre. On surveille, en tendant l'oreille et en regardant quels numéros ont les voisins, l'appel de son numéro, ce qui permet de donner sa demande d'analyse de sang et d'obtenir en retour un flacon avec un autre numéro d'ordre. Un affichage lumineux fait défiler les numéros appelés au prélèvement.

Prélèvement fait, on repart avec son flacon de sang pour un autre guichet dans le même hall. On reçoit là, en échange, un ticket avec un numéro pour retirer les résultats, 7452 par exemple. Ici aussi, un affichage lumineux prévient des résultats arrivés et du comptoir où les retirer. Mais une voix de dragueuse de GPS double l'information en annonçant chaque numéro qui sort : sept quatre cinq deux comptoir deux... Sans arrêt, la voix, précédée d'un petit jingle égrène tous les nombres qu'elle connait. Si on n'était pas malade avant d'avoir ses résultats, on l'est sûrement après !

Retour chez le médecin du départ, où l'on est curieusement admis en priorité et sans numéro ! Il établit une prescription de médicaments à retirer à la pharmacie de l'hôpital. Passage au guichet d'accueil de la pharmacie pour remettre sa prescription et se voir attribuer un numéro d'ordre. Ne reste plus qu'à attendre l'appel de son numéro pour retirer ses médicaments.

Et là, c'est fini ! On essaie de se rappeler son nom.

Pour le dentiste, c'est beaucoup moins compliqué. Enfin, pour celui que j'ai fréquenté, qui travaille tout seul. Là, il suffit de prendre, depuis la station de métro la rue SS4A/1, à l'angle de la rue SS2/3, puis la rue SS3/80 à gauche avant la mosquée, et enfin la rue SS3/29 à droite. Et après, c'est comme en France !