samedi 14 novembre 2009

Heureux qui comme...


Heureux qui, comme Benoit, a fait un beau voyage,
Ou comme cestuy là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d’usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !

Oui, enfin, peut-être pas, tout de même !

En tous cas, pour ce tour-ci, c'est fini ! Et puisque vous avez été bien sages, distribution d'images !

mardi 20 octobre 2009

Y aura-t-il de la bière au paradis ?

A quoi peut bien servir un paradis fiscal en voyage ? Eh bien, à faire le plein de bière !

L'île de Labuan n'est pas un état malaisien comme les autres. C'est un territoire directement administré par l'état fédéral, au même titre que la capitale Kuala Lumpur et que l'île de Penang. Ce confettis a été érigé en centre financier offshore et est "duty free". Un avantage qui ne se remarque en général pas : les prix sont les mêmes que dans le reste de la Malaisie, sauf... celui de l'alcool ! En effet, dans ce pays à tendance islamique, taxer l'alcool ne frappe que les minorités, chinoise et indienne essentiellement, et constitue un prélèvement supplémentaire sur les touristes. Et l'impôt n'est pas symbolique. Une bouteille de bière 640 ml, coûte moins d'1 € à Labuan alors qu'elle est à environ 2.50 € dans le reste de la Malaisie. L'Indonésie fait de même avec les vins (non, ouf, pas la bière !) qui doivent être taxés à genre 300 % : une bouteille de vin de table française, transport et taxe compris, devient ainsi un produit de luxe sur une table indonésienne !

Résultat, Labuan est devenue l'île des plaisirs : alcool, karaokés, filles de joie philippines...

A une heure de ferry de là, Brunei est une autre sorte de paradis. Dans ce micro-état perfusé à l'argent du pétrole, quantité de services sont gratuits ou presque (éducation, santé...). L'essence est à 25 centimes d'Euro le litre, et le gasole à 15. Mais cette "monarchie islamique malaise" interdit la vente d'alcool. Et l'importation en est limitée à 12 canettes de bière par personne, à consommer chez soi, en cachette. Déclaration obligatoire en douane à l'entrée du pays. Le fonctionnaire le plus lent qu'il m'ait été donné de connaître saisit toutes les données de l'"importateur" sur ordinateur. 5 minutes pour m'enregistrer avec mon unique bouteille de bière, mais surtout, 5 minutes pour chacune des 5 personnes qui me précèdent : 30 minutes pour entrer une seule et unique bouteille de bière détaxée de Labuan à Brunei ! Plus la fouille de mon sac pour exhiber la fameuse bouteille. Finalement, la bouteille de bière la plus coûteuse du monde !

Alors, paradis de l'ébriété ou paradis de la sobriété ? Y aura-t-il de la bière au paradis ?!

jeudi 15 octobre 2009

Un de chute !



















Mont Kinabalu
(pas sur la photo...)

Jusque là, j'avais toujours réussi à me faufiler au sommet des montagnes à ma mode, en échappant aux guides, aux excursions organisées, mais là, au mont Kinabalu (4092 m, point culminant de Malaisie, situé à Borneo), c'était trop fort pour moi.

Il y a une grille à l'entrée de la montagne. Des barbelés autour. Et pour passer, il faut se présenter aux heures ouvrables (7h- 17h) en ayant acquitté son permis de grimper (20 €), son entrée au parc national (3 €), son assurance (1.5 €), et accompagné de son guide (notoirement inutile sur cet itinéraire tout ce qu'il y a de balisé et qu'une course parcourt tous les ans : temps du record : 2h39' l'aller et retour de 21 km et 2200 m de dénivellée. Prochaine édition : 24-25 octobre 2009 ; http://climbathon.sabahtourism.com/).

Mais le plus gênant, c'est le coût de la demi-pension au refuge : 70 €, le double du refuge des Grands mulets sous le Mont-blanc, et sans rapport avec les coûts locaux habituels ! (la même chose pour genre 7 € à la porte du parc)

Evidemment, ça peut se faire en homme fort à la journée, comme les coureurs, mais, comme on ne peut pas s'élancer avant 7h, ça rend les chances d'atteindre le sommet avant les nuages un peu maigres. Et si on retente le lendemain, re-permis de grimper ! Re-guide...

Bref, une forme d'arnaque dont je n'ai pas trouvé la faille. Adieu mont Kinabalu, tu semblais bien beau, pourtant !

Gunung Agung

Gunung Agung, littéralement grande montagne, le sommet de Bali m'avait été plus propice. Le lobby des guides protège la montagne des dieux. On m'en dépêche un à mon hôtel pour m'expliquer que je ne peux pas y aller seul... Le lonely planet déconseille : risque de se perdre... En réalité, l'itinéraire est évident. 4 heures pour avaler 2000 m de dénivellée. 3 heures avec les dieux, au bord du cratère, à plus de 3000 m d'altitude, à attendre que les nuages ouvrent le paysage. Et 3 heures à désescalader un chemin qui roule sous les pieds. C'était bon, Agung ! Même si je n'en ai quasiment rien vu de Bali : on se reverra !

Gunung Merapi de Sumatra
(photo, lors du survol du vol régulier Padang - Kuala Lumpur quelques semaines plus tard !)

Quelques semaines auparavant, gunung Merapi, à Sumatra, près de Bukittinggi (je précise car près de la moitié des volcans s'appelle gunung Merapi en Indonésie ! Api = feu, Merah = rouge ; serait-ce la contraction, Loïc ? Gunung api, montagne de feu, signifiant en tout état de cause volcan, aussi sûrement que Matahari, oeil du jour, signifie soleil).

Grosse pression dans les bars pour y aller avec un guide : départ à 22h pour arriver au lever du soleil. Je décide de partir au lever du jour pour ces 1500 m de grimpette. Transport public pour le départ. 3h30 de montée et me voici en haut à 10h. Pas tout seul. C'est dimanche matin. Les étudiants indonésiens sont friands de ces escalades le week-end. Ils démarrent le samedi après-midi, emportent guitares, vivres, de quoi camper plus ou moins sommairement. La montagne grouille. Les Français qui ont grimpé de nuit et bivouaqué quelques heures au bord du chemin en témoignent : impossible de dormir dans ce joyeux va et vient permanent. J'ai justement choisi le dimanche car cette présence humaine assure une sorte de balisage dynamique de l'itinéraire (en plus de celui, statique, assuré par les déchets de toutes sortes jonchant le parcours).

Un nuage de fumée blanche s'échappe du cratère principal atteint après la traversée d'étendues lunaires. Des cratères secondaires inactifs aux parois verticales. Un jardin d'édelweiss (pas exactement le modèle de chez nous). Un terrain de jeu volcanique très animé. Très intéressant, ce Merapi !

Bon, tout ça, c'est bien gentil, mais qui m'accompagne à Puncak jaya (mont Karstens), le point culminant de l'Indonésie, à plus de 5000 m, en Irian Jaya (partie indonésienne de la Papouasie-Nouvelle Guinée) ?!

samedi 10 octobre 2009

Le rayonnement de la France

Les Français les plus connus en Indonésie :
1- Zinedine Zidane
2- Karim Benzema
3- Thierry Henry
4- Franck Ribery

Et même Michel Platini est toujours dans les (vieilles) mémoires.
Pour les ignares, je signale que ce sont tous des footballeurs (il est important de réviser son championnat de France avant de monter dans l'avion si on ne veut pas passer pour une bille).

La réplique "- D'où êtes-vous ? - De France. - Ah, Zinedine Zidane !" est tellement classique que j'en suis devenu stressé de dire que j'étais français, pour m'entendre répondre quasi systématiquement "Zinedine Zidane !".

Ce qui est étonnant, c'est que jamais un Anglais ou un Italien ne m'a été cité. Ils savent parfaitement qui est d'où, même s'il joue dans un club étranger !
Franck Ribery m'ayant été deux fois signalé comme musulman (quelqu'un peut confirmer ?), on imagine facilement que la France puisse être prise pour un pays majoritairement musulman.

Egalement cité : Nicolas Sarkozy. Une fois avec Carla Bruni, donc il est permis de penser que ce n'est pas son programme politique qui est concerné. Et une fois avec Ségolène Royal.

Jacques Chirac, pas encore totalement effacé de quelques mémoires. Charles de Gaulle connu d'un ancien.

Dernière citation : Auguste Comte (par un étudiant en sociologie : ça arrive...)

Et vous, le président de la république indonésienne (nouvellement réélu) ? Un plus ancien peut-être ? Ou un joueur de badminton ?

jeudi 8 octobre 2009

Où suis-je ?


A 17h, je fais open house dans le plus grand village sur pilotis du monde (à ce qu'on dit... 25000 habitants). Open house, "maison ouverte", c'est invitation à un buffet chez des musulmans comme cela se fait traditionnellement dans la quinzaine qui suit la fin du ramadan.

A 19 h, je dîne dans un restaurant indien.

A 20 h, j'assiste à une représentation d'opéra chinois dans un temple, dans le cadre de la célébration de la fête du mooncake, "gâteau de lune", qui ont lieu à la pleine lune à cette période de l'année.

Où suis-je ?

lundi 5 octobre 2009

Le propriétaire - ACTE III


A peine arrivé à Sumatra, B. apprend que son certificat de propriété attendu depuis 14 mois, est sorti ! Ibi, son prête-nom le supplie de revenir immédiatement conclure la vente afin que le vendeur ne se fasse pas les nerfs sur lui ou ne tente de revendre le terrain. Tarip, le fils du vendeur, assaille aussi le portable de B.. Mais, B., flegmatique, maintient que, puisqu'on a bien attendu 14 mois, on pourra bien en attendre 2 de plus. Et qu'il visitera donc Sumatra où il vient d'arriver. Puis sortira en Malaisie pour renouveler son visa. Et reviendra à Lombok fin août, après la pointe de la saison touristique, pour conclure l'affaire.

ACTE III

Scène 1

B. arrive psychologiquement épuisé à Kuta-Lombok. Il a tenté la traversée de Bali par les transports en commun pour rejoindre le port d'embarquement pour Lombok, distant de 70 km. 4 véhicules différents qui ont tenté de l'arnaquer, ne l'ont pas déposé à l'endroit prévu, l'ont mal renseigné sur la suite de l'itinéraire. A Lombok, rebelotte, avec 4 autres véhicules. 3 heures pour 60 km... B. n'a qu'une aspiration : se débarrasser de ce terrain et ne plus avoir à faire avec les Indonésiens !

Mais, à Kuta-Lombok, il est reçu avec force démonstration d'affection par Ibi. Invité, au coucher du soleil, à l'ouverture du jeûne du ramadan chez Tarip. Il a retrouvé sa famille de là-bas ! Les uns le font rêver du bénéfice qu'il tirera à revendre son terrain, les autres de la belle villa qu'il aura bientôt... C'est le bonheur !

Ibi ne perd cependant pas le nord et entreprend de négocier sa signature de prête-nom. Habituellement, on promet aux prête-nom 10% du produit de la revente. Mais B. n'est pas dans cet esprit-là. Qu'est-ce qui justifie que quelques signatures sur des papiers à peine lus soient récompensées d'une somme qui peut représenter le revenu de toute une vie d'un honnête travailleur ? B. rémunère chaque service, déplacement, signature, d'une gratification qu'il estime bien suffisante et s'en tiendra là. D'ailleurs, il a une connaissance - allez, un ami ! -, Agus, l'inventeur du mouvement perpétuel indonésien, prêt à remplir le rôle sans contrepartie. Et Tarip, le fils du vendeur, qui ne demande qu'à continuer à avoir l'oeil sur le terrain, et entrevoit sans doute des sources ultérieures de profit, est également prêt à le faire pour rien.

Ibi est également tourmenté par la nouvelle reconnaissance de dettes qu'il va devoir signer lors du versement du solde du prix du terrain. La notaire annonce un coût finalement raisonnable pour effectuer la mutation. C'est décidé : on part sur l'option d'un changement de prête-nom au profit de Tarip.

Préparation des documents chez le notaire. B. doit s'assurer qu'il aura bien les reconnaissances de dettes du nouveau prête-nom, et même le plus de documents signés possibles de la "liasse" car, une fois le solde du terrain versé, il n'aura plus guère de moyens de pression.

Scène 2

Patatras. Voilà que la notaire, résumant une journée de travail, déroule un compte sur une feuille blanche. Le coût de l'opération n'a plus rien à voir avec celui de la veille ! Multiplié quasiment par 20 ! Un impôt de 10% du montant de la transaction est apparu ! Le coût du changement de prête-nom est devenu rédhibitoire ! B. informe Ibi et Tarip par SMS. Ibi saute sur l'occasion pour proposer de rester prête-nom pour la moitié du montant des frais. Mais B. ne veut pas ouvrir la porte à une quelconque négociation. Il décide de disparaître le temps que la situation se débloque à Kuta, que le propriétaire du terrain, pressé de toucher son argent, ne mette la pression à Ibi pour qu'il cesse d'entraver le bon déroulement de la transaction. Par ailleurs, B. a encore une cartouche en réserve. En déclarant une valeur de terrain réduite, il a compris qu'il pouvait sérieusement réduire l'impôt. Mais, même cela, il veut tenter d'éviter d'avoir à le débourser.

Stratégie payante car, après 24 heures de silence radio, Ibi appelle pour accepter, effet de son grand coeur, de rester prête-nom sans autre condition que de supprimer les intérêts sur la reconnaissance de dette. Accepté ! On repart donc sur la configuration initiale !

Scène 3

Préparation des documents. Ca n'en finit pas. C'est le ramadan, avec un rythme de travail ralenti. La notaire ne sait pas remettre des documents prêts à relire. Si B. n'est pas sur place, rien ne se passe. Journées entières, à l'étude, de lecture ("sur la route", Jack Kerouac) et relectures. La séance finale est repoussée une fois, une seconde fois...

Et finalement, c'est le grand jour ! Tout le monde est là, de nouveau : Ibi avec femme et enfant, Tarip accompagnant son père venu chercher son paquet de billets, le chef de village apportant le certificat de propriété, et B., passé par sa banque. Ibi est décontracte, hilare. Il lit à peine les documents. Il claironne qu'il est d'accord pour signer les documents sans rien toucher mais qu'il est entendu que, pour s'occuper du terrain, il faudra voir avec Tarip et son père, les anciens propriétaires ! De toutes façons, B. s'est déjà mis d'accord avec Tarip pour replanter des bornes cadastrales, placer des écriteaux, planter quelques arbres, moyennant quelques billets...
On signe. Le nouveau contrat de prête-nom, la nouvelle reconnaissance de dettes du prête-nom, une hypothèque du terrain au profit de B., un pouvoir de vendre, de louer, et de traiter toutes les formalités concédé par le prête-nom à B., et aussi un contrat de location assurant à B. la jouissance de son terrain...

B. se sent plus léger sur sa mobylette. Les rizières sont plus vertes, le ciel plus bleu, et les Indonésiens plus gentils. Sourires partout. 3 jours de vacances bien mérités sur les îles avant de récupérer sa copie des actes notariés.

B. est propriétaire d'un hectare avec vue sur le paradis !!

Epilogue

Revenant à Kuta célébrer cette transaction conclue dans la liesse, B. apprend de Tarip que son père, le vendeur du terrain, a(urait ?) versé à Ibi un pactole du montant de ce qu'Ibi essayait d'obtenir de B.. Pas vraiment l'objectif du bras de fer engagé par B.. Mais on ne peut pas non plus régir les relations entre tout le monde. Si les Indonésiens se complaisent dans la magouille entre eux, qu'y peut-on bien faire ?

jeudi 1 octobre 2009

Ma petite entreprise...


...de location de vélos !

Une intuition subite. Le magasin de la vendeuse d'eau, la femme de Tarip, le fils de mon vendeur de terrain (voir "Le propriétaire" - acte I) est idéalement situé face à la rangée d'hôtels, pour louer des vélos. Le marché est laissé vacant par un hôtel qui était situé à 2 km du centre de l'action et a renoncé.

C'était la veille de mon départ pour Bali. Tarip, sa femme et sa fille, devaient aller acheter un vélo pour la petite. Achetons des vélos à louer, ai-je dit, et tout le monde a été d'accord que c'était une bonne idée.

Nous avons étudié le marché le premier jour mais les magasins fermaient tôt pour la rupture du jeûne du ramadan. Rendez-vous pris pour le lendemain avec Tarip dans le quartier des vendeurs de vélo. Il est retardé par un problème de voiture. J'ai le temps d'acheter un premier vélo d'occasion et de me faire une opinion sur quoi acheter d'autre. Deux jolis VTT à moins de 100 € pièce.

Un investissement total de 250 €, dont je sais que je ne reverrai peut-être jamais la couleur ! Le deal est que la moitié des recettes me revient (théoriquement) jusqu'à ce que mon investissement plus 50% m'ait été remboursé.

Avec 4 vélos loués la première semaine, à 1€ pièce la journée, cela fait 4€ de chiffre d'affaires, donc 2 € pour moi. Dans 2 ans et demi, j'aurai récupéré mon investissement, et dans 4 ans, atteint mon objectif financier !!! ...si les vélos n'ont pas disparu d'ici là, volés ou détruits ou ...!!!