Mes philosophes préférés (pardon à eux que je connais à peine et que j'ai forcément caricaturés : qu'ils laissent un petit commentaire pour redresser le tir et nous raconter leur actualité):
Pierre a quitté les tapis rouges du festival de Cannes, Pathé, et le clinquant du cinéma à la cinquantaine. Où se retirer de ce monde où la finance prend le pouvoir : Brésil, Indonésie ? Après plusieurs reconnaissances, il a construit sa villa face à la mer, à Kuta-Lombok, pour y vivre avec ses livres et ses chevaux, ses couverts en argent et sa vaisselle en porcelaine, à l'écart des tumultes du monde. Les promenades équestres pour les touristes étaient presque son seul lien avec l'extérieur. Mais il a commencé à louer sa villa et les affaires marchent mieux que prévu. Le monde du dehors pourrait-il le rattraper dans sa retraite ? Il jure qu'il s'enfuira en courant... ou en nageant !
Alexandre n'a pas 30 ans et se débrouille dans une dizaine de langues, dont le polonais, l'arabe, l'indonésien, le thaï, le laotien, le birman, le créole réunionnais, l'espagnol... Il est un peu tombé dedans quand il était petit en habitant au Maroc avec ses parents. Alors, depuis quelques années, il ne pose le sac à dos que pour exercer dans l'hôtellerie : une orientation délibérée pour passer sa vie en vadrouille, travaillant à l'occasion, et profitant, toujours. Il s'installerait bien un peu en Asie. Un heureux de naissance ?
Marc va sur ses soixante dix. Il a fait carrière. Directeur de cimenterie à l'étranger... Autant dire qu'il n'est pas dans le besoin. Je le rencontre dans un vieux bus branlant. Il m'explique comment il a réparé ses lunettes de soleil en scotchant un cure-dents. Le luxe, les hôtels chers ne lui font plus aucun effet. Ce rondouillard se promène à quatre sous, un sourire narquois au-dessus de sa barbe blanche. Et quand il rentre en France, son programme, c'est le jardin, la cueillette des pommes au verger, les confitures et... la préparation du prochain "petit déplacement" (en l'occurence la Syrie, à la frontière irakienne, en ce moment : villes disparues, berceau de l'écriture).
Christophe est arrivé à Kuala Lumpur en cargo. Un mois en mer pour faire le break d'une vie dévorée par le travail. C'est peu dire qu'il s'est adapté au milieu ambiant. Il se dit voyageur débutant, mais il est comme un poisson dans l'eau au "village", le backpackers le plus cooool de Kuala Lumpur. On jurerait qu'il a fait ça toute sa vie ! Sa nouvelle foi : la semaine de 4 heures. En rentrant en France, il veut tout laisser tomber "sauf 4 heures par semaine", caser ses affaires chez ses parents, et mettre les bouts avant Noël pour ne pas laisser filer la quarantaine.
Martin est un ethnologue en devenir. Enfin, ça l'intéresse plus de vivre avec les habitants de la forêt des Mentawaï que d'écrire sa thèse sur l'impact du tourisme sur l'île. Donc, deviendras-tu réellement ethnologue, Martin ? Où en est-elle, cette thèse ?!
Et puis bien-sûr Spinoza et Nietszche, mais on ne les a pas vus au "village".
Et tous ceux qui parlent une langue étrange(re) et qui sont donc forcément moins philosophes.
Et un cycliste espagnol aperçu filant de Kuta-Lombok avec une carte accrochée à l'arrière du bagage. Ca partait d'Espagne en 2006 pour se terminer je ne sais où en 2014. Il avait déjà fait le plus gros de l'Indonésie sur son vélo (plus toute la route pour arriver là !) : comment peut-on se lancer dans cette circulation de fou et ce climat propice à la sieste à travers les îles indonésiennes ?! Et comment peut-on savoir qu'on va rentrer en 2014 quand on se souvient à peine depuis quand on est parti ?!
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